mercredi 6 septembre 2017

La Barra de Carles Abellán, Barcelone




Jusqu’à présent j’ai toujours grandement apprécié les divers établissements de Carles Abellan. Que cela soit sont « Tapas24 », son chiringuito à Barceloneta et surtout l’excellent « Suculent » dans le quartier du Raval, j’ai trouvé une certaine constance chez cet ancien de Ferran Adria. De bons produits, un mélange de recettes traditionnelles souvent revisitées avec également certains plats lorgnant vers l’Asie et l’Amérique du sud. Toujours beaucoup de succès et souvent des files d’attente dans certains de ses lieux. Ce qui m’a toujours manqué, c’est d’aller dans sa table gastronomique appelée « Comerç24 ». Au moment où je m’étais décidé, l’établissement était fermé car en cours de rénovation.  En fait, cette table n’a jamais réouvert et c’est avec surprise que je découvre ce printemps l’ouverture d’un nouvel établissement qui semble remplacer justement « Comerç24 », « La Barra ». Premier étonnement c’est déjà l’emplacement ; le Passeig de Joan Borbó dans la Barceloneta. Je dois dire que je vois toujours d’un mauvais œil les tables qui viennent dans des lieux hautement touristiques. Pourquoi cela ? Si le chef est réputé, tout le monde viendra son établissement en tout cas à Barcelone. Donc un nouveau lieu sur cette allée principalement occupées par des terrasses de piètre qualité avec des serveurs qui vous tendent la carte en permanence.


La aussi une terrasse avec un bar mais évidemment d’un tout autre genre. On peut aussi se poser la question de savoir si ce n’est pas pour attirer les propriétaires de yachts de la marina en face. Jolie terrasse qui a l’air confortable, peut-être plus pour prendre un verre que de dîner. Mais certains préféreront peut-être manger là.



L’intérieur est vraiment très particulier, très contemporain car il n’y a quasiment pas de tables. Le concept consiste à manger autour d’un comptoir sinueux en forme de « U ». Au centre un petit coin cuisine où sont finalisés certains plats sur la braise comme ici par exemple un homard. Selon moi pas vraiment indispensable mais cela fait partie des gimmicks.







Lumières étudiées, forte dominance de tons bleus qui est un évident rappel à la mer car ici l’on vient exclusivement pour apprécier des produits de cette mer crustacés et poissons. Service professionnel et un peu guindé mais malgré tout l’ambiance reste plutôt décontractée et la clientèle même si chic ne se prend pas trop au sérieux. Vous serez donc probablement assis côte à côte avec vos convives, ce qui peut être un peu contraignant si vous êtes nombreux à moins de préciser que vous souhaitez lors de votre réservation une vraie table. Ou encore le bout du comptoir en arc de cercle.



Ce qui fait aussi la particularité de cet endroit, ce sont ces écrans géants dans le fond à droite qui filme en permanence la cuisine qui elle se trouve à l’étage inférieur. Circonstance plutôt amusante avec l’un des cuisiniers qui essaie de tuer un homard qui réussit dans un premier temps de s’enfuir er saute du plan de travail. On peut aimer ou non, nous sommes dans une ère digitale !



Au fond, autre plan de travail ou peut-être plutôt de dressage pour tout ce que sont les assiettes avec poissons crus. De plus, la pêche du jour est déposée sur des compartiments de glace et les homards dans des aquariums.





Vous pourrez toujours descendre les quelques escaliers et visiter les cuisines qui sont transmises sur ces écrans. Une architecture d’intérieur sommes-toute assez particulière qui ne peut laisser indifférent.





La carte sur un support plastique propose donc des tapas, des produits de la mer mais tout de même si vous le souhaitez, un seul plat de viande qui est du bœuf wagyu. Lorsque l’on parcourt les intitulés, rien ne semble être spécialement extravagant. Plutôt des classiques Catalans ou alors des crustacés préparés avec quelques ingrédients plutôt méditerranéens. Il est donc recommandé comme dans beaucoup d’endroits de sélectionner un certain nombre d’assiettes et de se les partager. Pour démarrer, des maquereaux marinés sur un dressage de pommes de terre. C’est un poisson que j’aime bien pour sa texture et son goût. Assez classique, pas loin du « hareng salade de pommes de terre ». Plaisant mais un peu trop quelconque.


Pour suivre, une omelette aux mini anchois. Enorme déception car ce n’est pas vraiment une omelette mais une mini galette carrément trop salée, plus une grosse chips avec sur le dessus quelques tâches de sauce, de la feuille d’huitre et peut-être des salicornes. Ce n’est pas équilibré, à la limite du déplaisant.


Les couteaux de Galice grillés avec une sauce Ponzu, sauce vraiment très à la mode que l’on trouve vraiment partout à Barcelone, sont bons mais cela manque tout de même d’un peu de créativité.


Moins convaincu par les anguilles « all I pebre ». Un classique avec une sauce à base d'ail et de poivre rouge, mais ici elle manqué singulièrement de goût. Le fait d’avoir quelques instants braisés le poisson n’a pas su amener une touche fumée.


Nous prendrons ensuite un poisson qui est en suggestion du jour, avec une sauce d’encre de seiche. Portion vraiment miniature mais poisson bien cuit.


Puis la raie à la madrilène, style trifon. C’est-à-dire la recette des tripes avec les pois-chiches mais avec le poisson. Plutôt bon mais quelque chose que l’on peut vraiment manger un peu dans n’importe quel bon restaurant.


Lorsque l’on arrive à ce stade du repas on se dit que c’est vraiment très loin d’être exceptionnel. Des recettes éculées, un peu de manque de précision dans les sauces, une impression que l’on paie surtout le cadre, le « show », la réputation avant ce que l’on a dans l’assiette. On peut aisément comparer ce que l’on mange avec d’autres établissements de Barcelone dans les produits de la mer et on n’est vraiment bien loin du résultat. C’est clairement décevant.

Partageant notre réel manque d’enthousiasme, notre maitre d’hôtel nous dit qu’ils n’en sont encore qu’au début… Je crois que Carles Abellan nous avait habitué à bien mieux que cela et avec l’expérience et en plus une carte qui a l’air d’être permanente, j’ai bien la crainte que cela n’ira pas plus loin en qualité. Ce n’est même pas le dessert qui nous sera offert qui sauvera la mise, des fraises dans une montagne de crème et glace au lait de chèvre. Peut-être que cela me rappelle un peu trop la Suisse…


Question vins, c’est un peu limité. Au choix les bouteilles des domaines du chef ou une sélection restreinte avec entre autres un excellent Priorat Les Brugueres 2016 dans un joli seau en cuivre.



Suivi d’une bouteille de Cava Xampu Brut Nature de Carles Abellan.


Expérience donc assez peu concluante avec un concept plutôt assez branlant, une carte pas très originale, une cuisine approximative et des prix assez élevés. On se demande finalement quelle sera la clientèle cible…

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